Salut comment t’appelles-tu?
Salut Nicolas, je m’appelle Marc Salmon, mais beaucoup de gens m’appellent Marcus.
Et où se trouve ton atelier?
Mon atelier est à Lorient, dans un magasin de vélo, Musettes et Bicyclettes. C’est un shop spécialisé dans la mobilité urbaine, le vélo de voyage, le gravel/le bike packing, et les cargos ; le tout en neuf ou occasion. En fait, j’ai fait un CQP cycle en alternance dans ce magasin. A la fin des 6 mois de formation, Paul, le responsable, connaissait mon projet. Il m’a alors proposé de m’installer dans le magasin. Après quelques travaux, mon atelier a vu le jour et j’ai pu commencer mes premiers cadres.
Crédit photos : @xav_theotherlife
C’est vraiment chouette d’être dans cet environnement. Je n’avais pas trop envie de m’isoler seul dans un atelier reculé au fond d’une zone industrielle par exemple. Là il y a un vrai partage, de l’entraide, des projets communs, de la vie autour de cette passion commune pour le vélo.
Qu’est ce qui t’a amené à ce métier de cadreur?
Je dirais que je suis un passionné, depuis l’enfance. J’ai toujours aimé le vélo pour la liberté qu’il procure, pour sa diversité, son mélange de simplicité et de complexité. J’aime son côté sportif mais aussi la tranquillité qu’on peut en tirer. Et puis surtout je trouve ça tout simplement super beau un vélo !!! J’ai évidemment un très fort attrait pour les cadres en acier, parce que ça donne au vélo une légèreté visuelle, ce qu’on ne retrouve pas avec les alu ou les carbone.
Concernant mon activité de cadreur, j’aime assez travailler seul, mûrir un projet en y réfléchissant longuement. Et puis bien souvent j’échange avec mes collègues du magasin, tout aussi pationné.es. Avant ça je travaillais dans l’industrie. J’ai un diplôme d’ingénieur en mécanique, et j’ai travaillé environ quatre ans dans un bureau d’études. Puis j’ai voulu allier ma passion à mon activité pro. J’avais découvert la fabrication artisanale de vélos il y a un peu plus de quinze ans avec Julie Racing Design notamment, et bien d’autres par la suite. J’ai tout de suite été fasciné. En règle générale je trouve que les objets faits main ont une valeur incroyable. Je ne parle pas de valeur commerciale, mais une valeur sentimentale, comme si l’artisan avait mis quelque chose à l’intérieur, lui donnant une âme. Du coup quand j’ai vu qu’on pouvait associer le vélo à tout ça, ça été comme une évidence pour moi ; je me suis dit « un jour je ferai des cadres de vélo à la main !! ».
Quelle est ta pratique du vélo? Ta philosophie autour du vélo ?
Ma pratique est assez large ; au quotidien le vélo est mon moyen de locomotion favori, on est plus rapide et plus libre à vélo qu’en voiture dans les villes, et puis je ne parle pas de l’aspect environnemental. Ce n’est pas si facile pour tout le monde, mais je n’ai que quelques kilomètres de chez moi à l’atelier donc ça serait aberrant de prendre une tonne de ferraille motorisée pour faire ça. Sinon j’ai commencé le vélo par le VTT dans des champs de bosses et des skate park (quelque temps après les petites roulettes quand-même). Puis j’ai commencé le VTT plus « classique », et je continue toujours aujourd’hui. Depuis peu j’ai commencé des épreuves d’endurance VTT en bikepacking, avec la Gravel Tro Breizh et la Sea to Peak de programmées cette année. J’aime beaucoup ce côté autonomie dans l’épreuve. Ça c’est pour la partie voyage à vélo sportif, mais je fais aussi des petits voyages de quelques jours à quelques semaines avec sacoches/porte bagage et une tente. C’est toujours génial de partir comme ça même pas loin de chez moi. C’est à coup sûr une petite aventure, et en deux jours à pédaler, on déconnecte très vite avec la vie que l’on mène au quotidien. Une petite fuite pour un temps et une grande liberté très facile à obtenir.
Présente-nous ta marque. D’où vient le nom?!
Pour présenter la marque je dirais que je fabrique des vélos d’aventure. C’est large et chacun a sa propre idée de ce qu’est une aventure. Pour moi un vélo d’aventure, c’est un vélo sur lequel on va pouvoir rouler longtemps (ou pas mais qui peut le plus peut le moins) et confortablement, sur une grande diversité de routes, de chemins et autres revêtements. Et aussi un vélo dans lequel on aura confiance. Il sera donc relativement simple, dans le sens facile à entretenir et à réparer. Je fabrique donc des vélos de voyage, des vélos de bike packing orientés gravel ou VTT. Mais ça c’est pour mettre les vélos dans des cases et c’est parfois un mixe de tous ces genres. C’est ce qui fait la force d’un vélo sur-mesure, on demande ce qu’on veut, pour l’utilisation que l’on aime.
A propos du nom ; avant de commencer cette activité, quand je réfléchissais à quel type de vélos je voulais faire, instinctivement je pensais à des vélos « pour tout le monde », dans le sens des vélos abordables économiquement parlant. Ce n’est pas simple parce que le but de cette activité c’est évidemment d’en vivre mais je m’efforce de faire en sorte de proposer des vélos autour de 3500€, équipés et prêt à partir. Bien-sûr tout dépend du niveau d’équipement demandé, et j’aime aussi les « belles pièces » qui sortent de l’ordinaire et les cadres très travaillés donc je ne refuserai pas de faire un vélo (beaucoup) plus cher si on me le demande. Mais 3500€ c’est déjà une somme conséquente et je crois qu’on peu faire quelque chose de vraiment bien pour ce budget. Un vélo fabriqué localement, et personnalisé. Un quidam c’est une personne dont on ignore ou dont on tait le nom, une personne lambda en quelque sorte. Je trouvais que ce mot sonnait bien et collait parfaitement avec mon idée de vélo accessible. Voilà pour la petite histoire.
Quelles sont les valeurs que tu souhaites partager?
J’en ai déjà évoqué quelques-unes mais pour résumer j’ai envie de faire des vélos fabriqués localement pour offrir une alternative aux vélos fabriqués en Asie. Se déplacer à vélo c’est déjà faire en sorte de moins impacter l’environnement. On pousse encore un peu plus loin si le vélo est fait localement. Je travaille majoritairement avec des tubes fabriqués en Italie. Evidemment ce n’est pas parfait compte tenu de la provenance de la majorité des équipements mais c’est toujours ça de pris.
Si je reviens rapidement sur le prix de vente, un de mes objectifs serait de le réduire et que cela reste encore rentable pour moi. Aujourd’hui c’est plus de 50 heures passées sur la fabrication d’un cadre. L’ajustement des tubes, le travaille de finition des soudures, etc…tout cela prend beaucoup de temps pour obtenir un bel objet à la fin. Et puis il y a évidemment l’achat des tubes de qualité, la peinture, les charges, bref… En optimisant certains postes je pourrai probablement réduire le prix de vente (sans baisser en qualité bien-sûr) et donc rendre mes vélos plus accessibles.
Et puis la chose la plus importante dans le vélo c’est le plaisir qu’il procure, quel que soit sa pratique.
Des projets pour le futur que tu peux partager?
Le plus gros projet pour 2024 c’est le Concours des Machines. C’est un super chalenge et une occasion de faire un vélo qui sort un peu de l’ordinaire en répondant au cahier des charges précis. C’est aussi une occasion de rencontrer et d’échanger avec des passionnés. Un petit entre-soi mais qui participe grandement à la promotion de notre artisanat.
Pour le reste je souhaite entre autres travailler sur des solutions de maintien de la bagagerie bikepacking. Je trouve regrettable que les sacoches ne soient pas bien maintenues et bougent au moindre mouvement du vélo. C’est désagréable au roulage et ça abime beaucoup de choses. L’exemple de la sacoche de selle qui oscille sur les côtés me fait dire que des solutions simples et efficaces peuvent être développées.
Quel est le meilleur moyen d’entrer en contact avec toi?
Mon atelier est ouvert et je suis toujours ravi d’échanger et de montrer ce que je fais, même juste 5min par simple curiosité. Sinon le mail, le téléphone ou les réseaux sociaux fonctionnent aussi : [email protected]