Sacoches artisanales, un été à vélo à la rencontre des ateliers français

Voyageuse à vélo et couturière à ses heures perdues, Koba décide pendant un été de lancer sa marque de sacoche de bikepacking. Afin de mûrir son projet, elle part à vélo, pour un voyage initiatique à la rencontre des ateliers de confection de sacoche français. Découvrez ici un résumé de son voyage.

Article et photos par Koba.

I. Un peu de contexte d’abord

Les premiers mails sont partis, je me suis lancée, après plusieurs mois à tourner cette idée dans ma tête.

« Bonjour, je fais des sacoches, vous aussi, ça vous dit qu’on se rencontre pour discuter ? ».

Voilà, en substance, le mail que j’ai envoyé à une quinzaine d’ateliers de fabrication de sacoches français.

Je suis en train de lancer ma propre marque, et j’ai envie de rencontrer des personnes dont c’est le métier en France. De découvrir leurs histoires, de créer des liens, d’échanger avec elles et eux sur cet artisanat. Des réponses arrivent, petit à petit le projet prend forme. Chaque mail me confirme que ce voyage est une idée chouette. Je suis émerveillée par la bienveillance avec laquelle les artisans et artisanes accueillent mon projet, et cette bienveillance va rythmer mon voyage, au fil des rencontres et des visites d’ateliers.

J’organise mon itinéraire, qui ressemble de plus en plus à un tour de France, prépare mon vélo et prend le départ de mon voyage sous le soleil caniculaire de Grenoble.

II. le parcours

Je suis une personne qui aime planifier, j’aime planifier quasiment autant que j’aime voyager. Je tiens donc à jour un carnet de voyage avec mes rencontres, mes kilomètres et mon itinéraire, que je vous partage ici :

Pendant trois semaines je parcours la France, réalisant 1500 km à vélo et 1200 km en TER.
Je visite au fil du voyage une dizaine d’ateliers, que ce soit pour échanger autour d’un café ou carrément pour rester plusieurs jours.

La logistique nécessaire pour fixer des rendez-vous au fur et à mesure est complexe, un joyeux équilibre entre planifier et savoir laisser de la place à l’imprévu. Toutes les visites ne pourront d’ailleurs pas avoir lieu, il y a des départs en vacances ou des commandes à honorer. Mais il y a aussi des heureux hasards et de belles rencontres.

Première fois que mon vélo voit la mer, il n’a pas l’air impressionné

Ma première visite se déroule vers Valence, chez la Sacoche filante, et je n’aurais pas pu rêver mieux.
Nous passons une demi-journée à discuter sur la couture, les matières premières et a échanger des anecdotes. Je prends ensuite le train pour descendre jusqu’à la Méditerranée. J’ai déjà descendu la ViaRhona plusieurs fois et le timing est serré avant la prochaine visite dans les Pyrénées. Mais pas de chance, cette rencontre sera finalement annulée au dernier moment.

Je décide alors de traverser le sud-ouest, en majorité en TER pour rejoindre Hendaye. Pas de visite prévue là-bas, c’est juste un endroit merveilleux et j’avais envie d’y passer quelques jours.

Maintenant c’est cap vers le nord le long de l’Atlantique, je passe chez Jérémie de COMPACKT. Une très belle rencontre, et vous aurez bientôt l’occasion de voir un article sur sa nouvelle sacoche ici !
J’évite la pluie de justesse tout le long de l’atlantique et m’épuise à lutter contre le vent de face sur l’estuaire de la Gironde.

Je me retrouve par erreur sur une voie à 110km/h à l’entrée de Rochefort et escalade la glissière avant de risquer de me faire renverser. Il me faudra quasiment une heure pour trouver comment traverser le fossé de ronce qui me sépare d’un chemin en contre-bas… Une belle frayeur!

Je termine de contourner Rochefort pour arriver chez Bruno de Bakkie Cycles après une très longue journée. Je vais passer plusieurs jours chez lui, discutant des heures entières sous les pins et dans une fraîcheur inhabituelle pour la saison.

Plusieurs visites s’enchainent à la Rochelle et je décide de rejoindre Nantes en train pour y arriver avant le weekend. Plus de billet pour mon vélo, tant pis.
Je paye une amende mais gagne une abonnée sur Instagram, c’est de loin la contrôleuse la plus cool que j’ai jamais rencontrée!!

A Nantes je rencontre l’atelier Moonrise, l’un des rares ateliers créés par une femme en France. Ses réalisations sont sobres et efficaces, c’est très agréable d’échanger avec une femme de mon âge qui est dans ce milieu.
Je me retrouve par hasard dans l’atelier vélo de la Poule Noire, et participe à la vélorution techno de Nantes, dont l’ambiance restera gravée dans ma mémoire.

Objectif : Paris. Je suis le trajet de la Loire à vélo, le vent dans le dos, les pistes plates et bitumées à l’infini devant moi. Être à 35km/h sans vraiment pédaler, c’est le grand luxe. J’arrive à Orléans et quitte l’Eurovélo pour Paris, un itinéraire foireux, beaucoup de vent et 180km de départementale plus tard, j’arrive enfin, lessivée, au sens propre, par l’averse qui s’abat sur moi à littéralement 500m de mon hébergement. Problème, nous sommes maintenant début août, et plusieurs visites vont s’annuler pour causes de vacances.

Je poursuis vers Dijon, puis Beaune, et enfin Lyon, la canicule est de retour, pédaler sous 33°C n’est clairement pas très fun. Je rends visite à Relaxx et Tangente Atelier, pédalant dans les rues désertes de Lyon. Savoir que mes plus proches voisins sont si accueillants et ouverts à échanger est une joie, j’espère avoir l’occasion de les revoir vite.
Vous pourrez bientôt trouver une liste mise-à-jour des fabricants de sacoches français, restez dans le coin !!

III. Le retour à la maison et le début du reste de l’aventure

Je rentre plus tôt que prévu, c’est mon plus long voyage en solitaire et la première fois que la maison me manque. La chaleur durant mes derniers jours à vélo est étouffante et fini de me convaincre.
Je rentre comme je suis partie, sous la canicule dans les rues de Grenoble, épuisée et ravie de retrouver les montagnes et mes plantes vertes.

Ce voyage a confirmé mon projet de lancer ma marque. Je suis extrêmement reconnaissante envers les personnes qui m’ont accueillie. Alors que je reviens peu à peu dans le monde « normal » je pose sur papier les idées et inspirations que j’ai pu avoir pendant mon voyage. Je commence les démarches pour me lancer et réceptionne ma machine à coudre industrielle.

C’est la fin d’un long voyage et le début du reste de l’aventure. Le monde de la sacoche artisanale français est plein de talent, d’idées innovantes et de passions. Je rêve de mettre moi aussi ma pierre à l’édifice, en proposant des sacoches faites mains, à partir de matériaux surcyclés, et répondant à des exigences techniques mais aussi esthétiques.

Si vous voulez suivre mon aventure, c’est par ici : @koba.bikepacking

Enfin, je voudrais formuler quelques remerciements :
Merci déjà à vous lecteurs d’être arrivés jusqu’au bout de cet article !
Merci à ce vendeur du magasin d’électronique LDLC de Saint Martin d’Hères, qui m’a prêté, la veille de mon départ, sans me connaitre et par pure gentillesse, une tablette qui me servira à organiser les rencontres au fur et à mesure du voyage.
Merci à Nicolas, de l’atelier la poule Noire à Nantes, pour tout ce qu’il a fait pour m’aider «c’est ça le vélo ».
Merci à mes pneus, qui n’ont pas crevés, même après ce passage dans les ronces.
Merci à toutes celles et ceux que j’ai rencontrés, ou non, pendant mon voyage, j’ai hâte de voir où la vie va nous emmener.

Koba


Voyageuse et fabricante de sacoche, je souhaite promouvoir les artisanes et artisans de la sacoche en France.
Je confectionne des sacoches de bikepacking, et tout ce qui peut être utile pendant un voyage, à partir de matériaux surcyclés. Les designs sont prévus pour limiter l’usage de plastique et favoriser la réparabilité.

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