Entretien avec Antoine Mougel

Pour cette première interview du site, nous accueillons Antoine qui s’est prêté au jeu des questions/réponses.

Cet été, Antoine a effectué un très beau périple, le Tour de France randonneur. Il nous raconte ici son aventure, ses expériences passées et ses projets futurs.

Antoine, qui es-tu? Que fais-tu? D’où viens-tu?

Salut salut ! Je m’appelle donc Antoine Mougel, j’ai 29 ans et j’habite à Grenoble. Fils de guide militaire de haute montagne, j’ai grandi dans les Hautes-Alpes à Briançon où j’ai cultivé un amour pour la montagne et le sport. Je fais partie de ceux qui ont besoin d’avoir des défis pour avancer, à pied, à ski, à vélo… 

Crédits photos : Luka Leroy

Pourquoi faire un tracé imposé plutôt qu’un itinéraire perso? Et qu’est ce que c’est le tour de France randonneur?

J’avais déjà fait une trace et je me suis aperçu qu’elle n’était pas tellement différente du tour de France randonneur donc je me suis dit que ce serait sympa de faire « l’officiel ». De plus, mes grands-parents (dont j’ai hérité cette bougeotte) rêvaient de le faire et mon grand-père est parti l’année dernière (je ne te fais pas un dessin mais ça fait partie des motivations). 

Le Tour de France randonneur est une épreuve organisée par l’U.S. MÉTRO depuis 60 ans. Ça consiste à faire le tour de France en moins de 30 jours en suivant les côtes et les frontières. Il y a 60 points de contrôle obligatoires mais chacun est libre d’emprunter la route qu’il souhaite (ce n’est donc pas un tracé imposé). Aucune règle sur l’assistance, on peut le faire avec madame en camping-car ou dormir à l’hôtel ou dans un talus… J’ai choisi d’être autonome, avec un bivy léger, tout en saisissant les occasions de dormir dans un vrai lit et de rencontrer des gens. 

Il y a beaucoup de cols mythiques puisque les checkpoints amènent notamment à faire la traversée des Alpes et des Pyrénées. 

Mon tour a fait 4935 km, 54000 m et 24 jours. 

Wow ce sont des chiffres impressionnants!

Quel entrainement as-tu suivi pour te lancer sereinement dans cette épreuve? Quel type de séances? Est-ce qu’il a impacté ton quotidien? Comment le concilier avec la famille?

Oula ! Pour résumer, j’aime passer du temps dehors mais aussi boire des bières avec les copains et profiter de ma chérie. J’essaie donc d’allier tout ça en plus du travail. Pour les amoureux des chiffres j’ai fait en gros 8000 km et 140.000 m de D+ durant les 4 mois précédents l’aventure. Beaucoup d’heures de selle, zéro spécifique, du vélotaf, des belles balades… De jour comme de nuit, au soleil ou sous la pluie Ma chérie étant encore étudiante et absente la semaine (dernière année ouf !), ça n’a pas énormément impacté notre vie de couple. J’ai simplement fait du vélo après le boulot et essayé de faire une grosse sortie le week-end, le plus possible pendant qu’elle dormait ou bossait ! J’essaie de faire au mieux mais elle sait que c’est important pour moi et je ne la remercierai jamais assez (trop de love). Mon chat quant à lui, ça n’a pas l’air de l’avoir trop perturbé. 

T’as l’air de faire partie de ces gens ultra-productifs! Tu dors combien d’heure par nuit?

Je dors énormément! Il me faut mes 8h de sommeil! Par contre, aucun problème pour moi de mettre le réveil à 5h un dimanche pour rouler!

Dis-moi, y avait quoi dans tes sacoches?

Toutes mes sacoches, sauf celle de selle sont cousues par mes petites mains. 

  • Dans la sacoche de selle (10L): Le couchage, Duvet, matelas & bivy. 
  • À l’avant dans un dry bag (8L): 
    • Une deuxième tenue pour le soir (t-shirt+short), 
    • caleçon et chaussettes. 
    • Tenue de pluie (veste+pantalon+surchaussures+surmoufles) 
    • Doudoune, gants, bonnet, buff
    • Serviette et trousse de toilette (brosse à dent, dentifrice, gant de toilette et savon). 
    • J’avais aussi un thermique manches longues mais j’ai fait rapidement sans puisque je l’ai oublié le 2ème jour… 
  • Dans ma sacoche de cadre fabriquée maison: 
    • Mes papiers (Porte monnaie, carnet de route, stylo). 
    • Batterie externe, câbles, piles. 
    • Trousse de secours (couverture de survie, strap, strips, doliprane….). 
    • Trousse de soin (Huile essentielle de Tea tree, Cicacrème, crème solaire, baume du tigre). 
    • Un sac à dos compressible. 
    • Un antivol
    • Une pompe et de l’huile pour la transmi. 
    • Il restait de la place pour un saucisson ou un paquet de Dragibus
  • En bas sous mes bidons le matos de réparation: 
    • Un multi-outils, 
    • 2 démontes-pneus, 
    • un morceau de chaîne, 
    • des rustines, 
    • un adaptateur pour compresseur auto
    • un chiffon. 
  • Et j’avais 2 chambres à air, une dans ma selle avec le couvre selle et l’autre sous la potence.
  • Dans la petite sacoche de top tube: 
    • Masque, couverts, écouteurs… 
  • Les deux sacoches rondes au guidon étaient là pour stocker des choses à portée de main, principalement à manger
  • + Éclairages: Avant, arrière et frontale
  • Sans oublier, le gps et le téléphone.

Enfin, la tenue que j’avais sur moi. J’ai pris l’option « une seule tenue de vélo » sachant que je pouvais rouler une journée sans cuissard si besoin puisque je suis habitué (j’ai fait 3 jours au total sans). Rien dans les poches !

Le vélo faisait 19kg en partant avec les bidons pleins et beaucoup de nourriture, je pense un petit 17kg autrement. D’accord c’est plutôt léger pour partir un mois mais c’est un confort toute la journée en roulant (il y avait quand même 54.000 m à avaler) et c’est toujours trop lourd selon moi… Mais je n’ai absolument manqué de rien !

J’ai emporté que du matériel que je connais, pas forcément des trucs de vélo (par exemple veste et pantalon de montagne)… Donc pas de réelle surprise. J’ai tout utilisé sauf les sur-moufles. 

Je ne changerai rien si je devais repartir demain ! 

Est-ce que tu as à l’idée de faire de la fabrication de sacoches une activité pro?

Non du tout, mais j’aime bien faire les choses par moi-même pour avoir ce que je veux.

Raconte-nous ta première expérience bikepacking!

Je n’ai pas trop l’âme d’un cycliste et je fais du vélo depuis peu à vrai dire. C’était à la base un complément à la course à pied (j’ai fait beaucoup de trail) mais je crois que j’aime vraiment ça. 

Bikepacking, ultra, gravel, ça me gonfle un peu toutes ces catégories. Je ne sais donc pas trop où le Bikepacking commence mais j’ai assez rapidement fait des distances plutôt longues (jusqu’à 650 km) parce que j’aime ça. Ce 650km par exemple est né d’un délire entre potes de faire une boucle depuis Grenoble qui passe par Marseille, en sortant du boulot un vendredi soir… On est parti à deux, on a mangé des pizzas, fait deux siestes de 20 min sur des trottoirs, on a eu des hallucinations la deuxième nuit mais on est rentré dimanche au lever du soleil et c’était vraiment épique. C’est clairement le genre de trucs qui m’anime ! 

Crédit photo: Photo Nomade

Mais bon sang pourquoi tu pédales autant?!

Je pédale pour avancer !

J’aime être dehors avant tout (je n’ai jamais fait de home trainer, je ne comprend pas), voir une biche, manger une (ou trois) tablette de chocolat, m’arrêter boire une bière avec les copains, refaire le monde dans ma tête… mais aussi me pousser un peu dans mes retranchements (faut pas se le cacher). C’est bateau de dire ça mais je pense que c’est comme ça qu’on apprend le mieux à se connaître. 

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui n’arrive pas à se lancer?

Lance-toi ! Tu n’auras JAMAIS toutes les réponses à tes interrogations avant de partir. BALARGUE-toi comme on dit chez nous ! Et arrête de te masturber sur les revues de matos, va rouler sous la pluie, c’est bien plus instructif.

Quels sont tes plans futurs ?

Je devais faire la super randonnée Baridür fin octobre (un 600 km et 12.000 m en Alsace) avec les copains mais on a décidé qu’on irait au printemps prochain. À la place, si la météo le permet on va essayer de s’enquiller une boucle sympa de 400 km 10.000 m qu’on a envie de faire depuis un moment autour de la maison. C’est au feeling, je ne sais pas si je vais rouler l’hiver, j’aime bien courir, faire du ski de rando… Ce qui est sûr c’est que j’ai bien envie de refaire du vélo l’été prochain. Pas mal de choses m’intéressent mais rien n’est décidé… Peut-être mettre un dossard sur une longue course. 

Comment découvres-tu toutes ces épreuves, ces tracés, ces challenges?

Je fouille et discute pas mal. Je suis uniquement sur Instagram mais c’est une source inépuisable d’inspiration à condition de suivre les bons profils! Mais je fais beaucoup de challenges perso qui ont du sens pour moi. 

Merci Antoine pour ton énergie contagieuse et ton enthousiasme débordant! A bientôt à vélo 🙂 

Si tu veux suivre les aventures d’Antoine, je t’invite à suivre son Instagram:

Antoine_UltraBalargue.

Et je t’invite aussi à écouter le podcast qu’il a réalisé chez Spotzle.

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