Entretien avec Seif, aventurier bikepacker dans le désert tunisien

Salut Seif, qui es-tu? D’où viens-tu et que fais-tu?

Je suis Seif, tunisien dans la trentaine, voyageur et blogueur.

Seif au milieu du désert tunisien

Je vois la vie comme un terrain de jeu qui me permet d’affronter plein de risques tout en réalisant mes rêves. Pour moi la route est comme une grande université qui t’apprend à aimer les gens et à vivre dans paix.

Quand as-tu commencé à voyager?

Ma passion pour les voyages a commencé lorsque j’étais encore tout jeune. J’avais pris l’habitude d’errer entre les villes et les villages en prenant les différents transports en commun locaux. Puis, durant plusieurs années, j’ai laissé de côté ce profond désir de voyage pour construire ma vie professionnelle et personnelle. C’est seulement après avoir fondé ma petite famille que j’ai pu me dégager du temps et partir vivre l’expérience du voyage à vélo puis à pieds-nus.

Aujourd’hui, je dois reconnaitre que je dépends de mon fatbike car il me permet d’arpenter ces coins reculés du désert qui sont si chers à mon coeur. Je suis sans cesse en quête d’aventure et de ses difficultés car cela m’élève vers l’inconnu.

Quelles sont tes dernières expériences de voyage/d’aventure?

Durant ces cinq dernières années, j’ai accompli plusieurs aventures. J’ai amené mon fatbike en plein désert tunisien. J’ai pu pénétrer des zones militaires grâce à un permis miraculeusement obtenu! J’ai eu la chance de pouvoir franchir à vélo la frontière tuniso-libyenne. Puis, j’ai effectué un grand voyage en Tunisie et autour de l’île de Kerkennah à pieds-nus en tirant le Monowalker, qui est une sorte de remorque à roue.
Ma dernière aventure est digitale, je gère en effet la plateformedarajoun-rahaloun où j’y enseigne le voyage dans le monde arabe. Je bénéficie d’ailleurs de nombreux soutiens d’entreprises tunisiennes et même d’un magazine américain!

Pourquoi effectues-tu ces voyages?

Au travers de mes voyages et de mon site, mon objectif est d’encourager la protection de l’environnement et des terres qui souffrent de pollution systémique. J’ai à coeur de diffuser la culture de la paix entre les peuples et d’encourager l’expérience du voyage. Par mon exemple, je veux encourager les gens à sortir de leur zone de confort pour vivre une aventure qui leurs fera découvrir le métal de leur corps et l’essence même de ce bel univers dans lequel nous vivons tous ensemble.

Quelles sont tes modes de locomotion favoris pour mener tes aventures ?

Mes voyages ont toujours une texture différente car je déteste la répétition. Dans un premier temps, j’ai donc choisi le Fatbike et la vie dans le désert pour faire mes découvertes. Après 3 ans, j’ai ajouté le voyage à pieds nus, et c’est chouette car cela attire vraiment l’intérêt des gens.

Quelles sont les plus grandes difficultés que tu rencontres?

J’éprouve des difficultés à plusieurs niveaux. La première pour moi est la coordination entre mon travail, ma famille et mes voyages. Ce sont des responsabilités qui impactent évidemment mes aventures. Mais une de mes plus grandes préoccupations est de trouver le financement nécessaire pour continuer mes explorations! Et d’autant plus que la Tunisie fait partie de ces pays qui ne s’intéressent pas à ce type d’activités! Mais j’essaie autant que possible de faire face à ces difficultés afin d’obtenir le meilleur. En fait pour être tout à fait honnête, j’ai déjà réalisé certains de mes rêves, mais j’en veux encore plus…

Pourquoi choisir une remorque à tracter plutôt qu’un sac à dos?

Je voulais partir explorer pied-nus le centre de l’île de Kerkennah qui est une zone extrêmement reculé. Il me fallait donc beaucoup de matériel et pour protéger mon dos et mes pieds, j’ai choisi une remorque conçue par Monowalker. Celle-ci fut financée par la société tunisienne KylogLogistice que je remercie infiniment! J’ai ainsi pu confortablement transporter la quantité de nourriture et d’eau nécessaire au voyage J’ai réussi à effectuer quotidiennement entre 15 et 25 km, selon la météo et le terrain.

Tu avais mis quoi dans tes sacoches?

Je voulais un système pratique et bien organisé pour transporter mon équipement.

Sacoche de selle: vêtements, trousse de toilette, premiers secours, éclairage…

Sac de cadre: outils et pièces de rechange, pneu supplémentaire…

Sacoche de guidon : sac de couchage, matelas de camping, appareil photo, chargeur, matériel électronique…

Tu transportais vraiment un pneu de fatbike dans ton sac de cadre?

Seulement une fois en fait ! C’était durant mon voyage à l’ouest de la Tunisie, sur la frontière avec l’Algérie. Sur 870km, la route était extrêmement difficile et recouverte de cailloux acérés.

Comment décides-tu des endroits et des itinéraires empruntés pour tes aventures?

Je planifie toujours mes voyages basés sur mon intuition pour l’aventure. Je privilégie des parcours difficiles sans assistance qui peuvent m’amener à arpenter des routes militaires fermées au grand public ou encore des zones protégées nécessitant un permis d’entrée. Ces endroits sont propres, vierges, loin de la pollution et des gens. Je me vois comme un voyageur chenapan et un peu fou!

L’île de Kerkennah au large de la Tunisie

Quels sont les dangers auxquels tu fais face lorsque tu es dans le désert?

Le désert est beau et dangereux. C’est charmant et mortel. Les dangers sont nombreux, mais le plus important d’entre eux est la perte d’eau ou la perte, mais c’est facile si vous respectez les cartes de navigation et les conseils de la population locale. Je me suis perdu deux fois lors de mon dernier voyage j’étais nerveux mais avec un peu de chance une patrouille frontalière m’a repéré et m’a remis sur la bonne voie. En 2019, j’ai été blessé sur une route désertique, mais comme d’habitude, un berger chamelier est intervenu et était là au bon moment. J’adore un désert, comme je l’ai dit, ça fait flirter et pénétrer, mais attention !

Quel serait l’élément le plus important dans ton équipement?

Je ne pourrais pas vraiment te dire ce qui compte le plus pour moi mais je dois reconnaitre que, lorsque tu es au milieu du désert, l’équipement de réparation est un des éléments les plus précieux avec bien évidemment la nourriture et l’eau.

Peux-tu nous détailler un peu plus ce qu’est le sitedarajoun-rahaloun?

Créé avec mon ami Abdelmoumen, c’est le premier site web arabe dédié à l’enseignement et au soutien du voyage à vélo. Nous l’avons lancé suite à la création du groupe Facebook Bikepacking.Tunisia. On y publie de nombreux articles en trois langues pour motiver un maximum de jeunes arabes à faire l’expérience du voyage à vélo.

As-tu un dernier message à faire passer?

Mon message de motivation s’adresse à tous les amoureux de ce genre de vie: vous êtes sur la bonne voie, continuez à aller à contre-courant, vivez comme vous le voulez, libre sur votre vélo et au milieu de votre tente, respirant la brise, et partout où vous allez, laissez une belle empreinte pour inciter les gens à préserver l’environnement et à faire du sport.

Nous avons été créé pour vivre heureux.

Seif

Où peut-on te retrouver et suivre tes différentes aventures?

Oui alors, il y a plusieurs moyens de me suivre:

Il y a le site web : https://darajoun-rahaloun.com/

Mon facebook : @cherifisaifeddine et le groupe @bikepacking.Tunisia

puis sur Instagram : @fatbike.Tunis

et enfin Twitter : @fatbike.Tunis

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