Comment choisir son vélo pour commencer le bikepacking ?
Nombreux sont les débutants qui me demandent quel serait le vélo idéal pour commencer le bikepacking. Ils ont vu des vidéos bien scénarisées, des articles richement illustrés ou ont entendu des personnes racontant leur dernière aventure et ils sont maintenant tout excités à l’idée de goûter, à leur tour, aux plaisirs simples du voyage à vélo.
Ici, nous allons parler vélo, mais si tu veux des conseils pour l’équipement, j’ai rédigé un article sur les basiques de l’équipement en bikepacking.
Une course à l’équipement?
Mais avec toutes ces images en tête de personnes expérimentées et parfaitement équipées, la priorité des débutants est de trouver l’équipement parfait, plutôt que de faire une première sortie avec les moyens du bords.
Il en faut toujours plus : des roues carbones avec moyeu dynamo, une transmission pour laquelle il aura passé plusieurs mois à recherche quel est le meilleur ratio, un abri ultraléger, un accessoire pour ci, un accessoire pour ça. Ce qui fait que bien souvent, ils restent à la maison pour continuer à perfectionner leur équipement qui ne sera de toute façon jamais parfait.
On se demande alors si le bikepacking ne devient pas une justification supplémentaire pour consommer davantage ?
Je ne veux pas jeter la pierre à ces personnes (j’en fis parti!) car il est bien difficile de laisser derrière nous le confort luxueux de nos vies occidentales. Car oui, quand on est dehors, il est fort probable qu’on ait froid, qu’on soit mouillé ou qu’on ait des galères diverses et variées… en fait, qu’on vive, pour de vrai! Quel plaisir indescriptible et sain que de retrouver et apprécier un lit sec ou une douche chaude.
Il n’y a pas de vélo parfait et chaque vélo est, par essence, adapté à la pratique du bikepacking.
Car oui, on a juste besoin d’une monture en bon état mécanique, d’un peu de matériel de camping et d’une envie irrépressible de passer une ou plusieurs nuits dans la Nature après avoir pédalé pendant quelques heures. Ça suffit !
Ayez ! J’ai eu ma première expérience en bikepacking, j’adore et je souhaite m’équiper plus spécifiquement.
Ah ! Très bien, dans ce cas, on va pouvoir discuter des critères à prendre en compte.
Comment choisir son vélo bikepacking?
Les différents types de vélo
Tu peux retrouver ici les différents types de vélo sur le marché. Il y a tellement de vélos différents dans les gammes de fabricants qu’il peut être extrêmement difficile de trouver la monture idoine.
Évidemment, tu n’utiliseras pas le même vélo si tu veux voyager par la route, par les chemins ou par les sentiers sur un weekend, quinze jours ou plusieurs mois!
Chaque vélo a ses points forts et ses points faibles mais aussi ses terrains de prédilection.
Petit rappel des différentes catégories
Connais-toi toi-même.
Qu’est ce qui t’attire dans le voyage à vélo? Quelle est ton expérience en tant que cycliste?
On a tous des attirances inconscientes, des choses pour lesquelles on trouve de l’intérêt sans vraiment savoir pourquoi au premier abord.
Quand tu sors, privilégies-tu la vitesse, la solitude, l’observation détaillée, les sensations fortes, la succession de paysages, le confort ?
En réalisant ce vers quoi on est naturellement attiré, on peut orienter plus précisément nos recherches.
Mais encore une fois : Attention au marketing et aux effets de mode, ils sont très puissants pour influencer notre imaginaire et nous diriger vers une pratique qui finalement, ne nous correspond pas du tout.
Les critères
Quels sont les critères sur lesquels tu devrais fonder ta recherche ?
Voici ceux qui pour moi sont les plus pertinents :
- Ta pratique
- Tes attentes – La polyvalence du vélo
- L’environnement – Le terrain
- Ton style
- Ta forme physique – Ton âge
- Ton budget
Je serais curieux de connaitre les tiens alors ce serait cool que tu me les listes en commentaire.
Ta pratique
Si tu fais déjà du vélo, quelle est ta pratique ? VTT? Route ?
Après plusieurs excursions bikepacking, tu t’es aperçu que tu préfères rester dans ta pratique habituelle ou bien en explorer une autre?
Peut-être que la route te barbe au plus haut point car il n’y a pas moyen de faire décoller les roues ?
Ou au contraire, les sentiers te terrorisent car tu as l’impression que chaque pierre, racine, marche veulent te désarçonner de ta monture?
Tes attentes – La polyvalence
La polyvalence est pour moi un critère essentiel dans le choix d’un nouveau vélo.
A moins que tu n’aies le budget pour avoir un vélo dédié à chaque pratique, il serait dommage d’investir dans une nouvelle monture ultra-spécifique qui ne te donnera aucune flexibilité d’utilisation.
Par exemple:
– Tu fais du vélo de descente mais tu as envie de partir sur des distances plus grandes tout en restant sur sentier?
Au premier regard, un semi rigide ou un monsterbike pourrait s’avérer être un choix judicieux. Mais disons que tu comptes en plus suivre ta femme durant ses sorties routes ? Un gravel sera dans ce cas une excellente option car il te permettra également de garder un bon rythme sur route!
– Tu fais du triathlon et tu veux profiter de tes prochaines vacances pour conserver une bonne forme et découvrir, par la route, disons, l’Auvergne? Un vélo d’endurance, confortable et performant sera une décision sûre. Mais, si tu cherches à pimenter tes sorties régulières avec du sentier engagé, un VTT semi-rigide pourrait alors être plus adapté.
Liste les différents usages que tu ferais de ton nouveau vélo et leurs fréquences. Après tout sera une affaire de compromis pour faire le choix final.
Certains modèles offrent une polyvalence incroyable grâce à une compatibilité avec différents diamètres de roue et différentes largeurs de pneu.
Gravier, asphalte, terre, neige, à vide ou chargé, vélotaf ou bikepacking : le Fargo sait faire beaucoup de choses !
L’environnement
Dans quel environnement t’imagines-tu partir ?
Sur quel type de terrain souhaites-tu évoluer ?
La montagne, la plaine, le désert ? Route, chemin ou sentier? L’asphalte, le gravier, le sable, la neige ?
Évidemment, qui peut le plus, peut le moins. Un VTT peut parcourir les terrains les plus accidentés et pourra donc parcourir les terrains les moins accidentés. Mais à quel prix ? Celui de l’efficacité au pédalage. Il est tout à fait possible de partir en tout-suspendu sur la route mais tu iras beaucoup moins vite qu’avec un gravel pour la même quantité d’énergie dépensée. Cela dit, le gravel aura toutes les difficultés du monde pour passer les sections de sentier les plus cassantes alors qu’un VTT flottera au même endroit !
C’est là qu’il faudra judicieusement positionner le curseur en se posant la question du type de terrain dominant dans tes futures sorties bikepacking.
Et tes envies peuvent changer évidemment!
Par exemple, personnellement je me rends maintenant compte que le Fargo est pour moi moins adapté qu’un semi-rigide car je délaisse les sorties route au profit des terrains accidentés particulièrement inconfortable et fatiguant avec un tout rigide équipé d’un cintre route!
Ton style
Es-tu un compétiteur dans l’âme, un contemplateur, un artiste ou un amateur de sensation forte ?
Préfères-tu faire des petites journées à un rythme tranquille ou être en mode ultra-endurance et ne dormir que quelques heures par nuit?
Maintenant, tu as le choix entre une monture ultra-performante ou un vélo confortable. La conjugaison des deux est difficile.
Rob Greenfield Mike Hall (crédit Eddie Clark)
Aussi, se diriger vers des technologies récentes et/ou compliquées peut réduire la fiabilité ou la facilité de réparation.Donc, en fonction de ton style, tu vas pouvoir accepter plus ou moins de compromis et plus ou moins de confort (ou manque de). Qui dépend aussi de :
Ta forme physique / Ton âge
Ceci va directement impacter le niveau de fatigue que l’on peut endurer.
En effet, l’organisme d’un jeune de vingt ans supportera plus facilement des conditions rudes, de la fatigue et un manque de confort que celui d’un sexagénaire.
Un jeune pourra endurer les secousses d’un sentier sur un vélo rigide alors que, plus âgé, on choisira clairement un vélo suspendu pour sauver ses cervicales!
Ainsi que tu sois un athlète, un cycliste du dimanche, un aventurier dans l’âme et que tu aies 20, 30, 40 ou 70ans, tu n’auras pas le même besoin de confort.
Pour se faire, on pourra alors jouer sur le matériau du cadre et des roues, les éléments amortissant et la taille des pneus (entre autre).
Lire l’article sur le confort à vélo.
A noter: Notre condition physique va aussi influencer la transmission utilisée: simple ou double plateau, nombre de vitesses, plage de rapport, etc…Un plus grand nombre de vitesses permettant d’aborder une plus grande variété de reliefs.
Un double plateau t’évitera d’avoir à trop étudier le profil de ta sortie car il t’offrira une grande plage de ratio. Tu pourras mouliner quand ça grimpe fort et appuyer en faux plat descendant. Par contre, ça veut aussi dire poids et panne potentielle supplémentaires (car pièces mécaniques en mouvement).
Avec un mono-plateau, soit tu dois appuyer fort pour grimper et avoir un développement correct sur le plat, soit l’inverse, confort en montée et moulinage sur le plat ! Tu limiteras ça en potassant correctement le profil de ta sortie. Et évidemment, plus aucun ennui avec le dérailleur avant…
Maintenant, avec l’augmentation du nombre de pignons sur les cassettes (12 ou 13 voir 14 vitesses sur un Rohloff), le problème s’estompe. Mais garde en tête que plus le nombre de pignons sur une cassette augmente, plus la chaine s’amincit ce qui peut être au détriment de sa durabilité.
Ton budget
Point toujours délicat que la question du budget. Quel montant est-il raisonnable pour toi d’investir dans une nouvelle monture?
Bien qu’en matière de passion, il est facile d’oublier de compter, pour la plupart d’entre nous, c’est ce point particulier qui nous fera revenir les pieds sur terre !
Quand on veut réduire l’investissement, la meilleure solution, c’est l’occasion. On trouve d’excellentes opportunités sur ce marché, si tant est qu’on soit patient et un brin chanceux! Nombreuses sont les personnes qui renouvellent leur matériel à chaque saison ou qui le vendent faute d’utilisation.
Un budget de 1500-2000€ te permettra d’acquérir du matériel de qualité, fiable et performant.
Cannibaliser un vélo pour un autre :
Une piste pour t’équiper à moindre coût si tu possèdes déjà un vélo:
Transférer des composants d’un vélo vers sa monture bikepacking. Il est tout à fait envisageable d’avoir un cadre dédié au bikepacking sur lequel on viendra installer des composants de notre vélo habituel. Ne serait-ce que la selle et les pédales !
Sur mon Fargo, il m’est possible d’installer les roues et la transmission haut de gamme de mon VTT pour gagner en poids et efficacité au pédalage. En plus, ça me permet d’avoir un seul jeu d’outil avec une trousse à outil identique pour les 2 vélos.
La décision finale?
OK, tel un véritable scientifique, tu as défini le type de vélo qui te semble le plus adapté à tes attentes et tu hésites seulement maintenant entre quelques modèles.
Que faut-il donc privilégier pour faire le choix final?
Mon avis là-dessus, c’est de focaliser son attention sur tout ce qui tourne: la transmission et les roues et dans une moindre mesure, les pneus (car peu dispendieux à changer).
Ainsi, si tu hésites, privilégie celui avec la meilleure transmission puis les meilleures roues, plutôt que celui avec les périphériques les plus haut de gamme.
Garde en tête également, encore et toujours, la polyvalence, la compatibilité avec les standards de l’industrie, la facilité de maintenance, etc…
Et si malgré toute cette abondance de critères, de logiques et de rationalité tu n’arrives toujours pas à prendre une décision, c’est le moment de laisser ton coeur s’exprimer! Et là, à coup sûr il n’y aura pas de mauvais choix !
Conclusion
Voici pour moi la démarche pour savoir comment choisir le meilleur vélo pour commencer le bikepacking.
Une chose est sûre, tu feras des erreurs ! Mais chaque erreur est un pas supplémentaire en direction de ce qui te conviendra le mieux.
Sachant que tu changes avec les années et qu’en parallèle, les technologies et les modes changent elles aussi, la destination semble inaccessible car en constant mouvement.
Il n’y aura donc jamais de vélo parfait, juste des compromis plus ou moins adapté !
Superbe article ! 🙂«
Merci Jean !
Quel plaisir de tomber sur un si beau site, avec une écriture de qualité,
sur lequel on ne commence pas par décliquer les 50 espions qui vont revendre nos infos.
C’est un très beau travail. Le site donne envie, est riche, vraiment bravo!!!
Merci beaucoup pour ton commentaire, ça booste mon enthousiasme d’avoir des retours comme le tien 👍
Bonne journée !